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UNE ÎLE, UNE FORTERESSE

(Éditions Inculte / janvier 2016)

 

La ville de Terezín, à 60 km de Prague, a quelque chose d’un îlot qui tranche sur le paysage. Forteresse inutile, jamais utilisée en temps de guerre, ville de garnison puis lieu d’internement devenu l’antichambre d’Auschwitz, cette cité est de plus en plus désertée par ses habitants, figée dans une histoire qui l’isole du monde.

Terezín a été une ville camp, que les nazis ont voulu faire passer pour un « ghetto modèle », une ville décor puisqu’y a été tourné, en 1944, un film de propagande nazie commandé à un interné juif. Ici se noue un rapport particulier à l’image, à la langue, à l’artifice – symbole de la dissimulation qui est au cœur de la mise en place du projet criminel nazi, écran où les images, sans cesse, recouvrent d’autres images. Au fil de rencontres, de témoignages, d’archives, ce livre interroge un lieu en mutation, coincé entre une mémoire impossible et l’espoir jamais tout à fait éteint d’une renaissance. On y croise les fantômes de Robert Desnos, de Gavrilo Princip, de W. G. Sebald, les figures de Petr Ginz, de Gavrilo Princip, de Kurt Gerron et bien d’autres, fils distendus d’existences qui se sont croisées entre les murs de la forteresse. Il creuse la question du mensonge, des traces et de leur imbrication intime, puisque même les traces peuvent devenir mensongères selon qui les exhume et qui les met en scène. 

 

 

"Dans sa passionnante enquête sous forme de récit à la fois historique et personnel, Hélène Gaudy dresse le portrait du camp et de la ville fortifiée de Terezín."

Le Figaro

 

"Hélène Gaudy entreprend un récit sur Terezín, récit aux contours indécidables entre l’enquête, le journal, l’essai, tout aussi indécidables sans doute que les contours mêmes de cette ville forteresse, qu’elle tente pourtant d’englober et de circonscrire, avec une attention et une sensibilité émouvantes."

                                                                     En attendant Nadeau

 

 

"Hélène Gaudy pénètre cette ville-monstre, ce territoire clos dont les hauts murs abriteront un ghetto juif, puis un camp de concentration.

De cette supercherie, elle construit un récit documenté, une enquête littéraire et intime émaillée de témoignages de survivants, de films, d’archives photographiques, journaux, chroniques dessinées, œuvres de prisonniers. Au plus près des images, dont elle traque les interprétations fallacieuses mises au service de l’entreprise de destruction nazie, à la recherche des signes troubles du passé, elle croise, sans pathos, les sources et les regards portés sur cette ville polymorphe. Dans cette sinistre vitrine destinée à tromper l’opinion internationale sur le sort réservé aux Juifs, elle scrute  encore l’interpénétration du paysage et du langage qui le désigne. Et de cette multiplicité de voix et de visages émerge la singulière géographie d’un lieu mouvant, « incarnation architecturale » de l’Holocauste et de la Solution finale."

La Croix 

 

"Hélène Gaudy conduit son enquête auprès des habitants tchèques de la ville, anciens et actuels, des survivants et de leurs enfants, sur place et en France, à Drancy et Bobigny en particulier, qui pour les Français fut la gare de départ. On y entend ainsi Georges-Arthur Goldschmidt, le traducteur de Kafka, de Nietzsche et de Peter Handke, parler de son père, peintre, pasteur de la communauté protestante du camp, mort peu de temps après sa libération. On y croise Seebald, dont le personnage d’Austerlitz, enfant juif tchèque mis à l’abri en Angleterre, se rend à Terezin sur les traces de son passé, et Desnos, qui y mourut.

De l’étoile double, véridique et mensongère, Hélène Gaudy avoue n’avoir rien vu que ce manque à voir que seule comble l’écriture. Elle fait de Terezin « quelque chose qu’on croyait lointain et qui quelque part nous ressemble."

                                                                                          L'Humanité

 

"Le terrain d'étude n'est pas vierge, mais ce livre constitue une somme inédite en ce qu'il témoigne d'une expérience : entre la ville d'hier et celle d'aujourd'hui, entre les détours que Terezín appelle du côté de Drancy ou de Birkenau, Hélène Gaudy interroge tout autant son propre regard, ses lectures, les silences de ses interlocuteurs, le hors-champ des films qu'elle visionne, que les informations documentées qu'elle nous livre. (...) Terezín restera peut-être, comme lors des premières impressions, une ville-mensonge, un mrioir aux alouettes pris entre les mirages du présent et les fantômes du passé. Une carte que l'on apprendra pourtant à lire un peu mieux dans ce livre à la fois fragile et monumental."

La Quinzaine littéraire

 

 

"L’écho : c’est bien là ce à quoi s’est attachée Gaudy, aux échos, de toutes sortes, échos de la mémoire, de la parole, des murs, des rues, de la lumière et de l’ombre, échos des témoignages, des pensées, des silences aussi – et s’efforçant de n’en délaisser aucun, de n’en déformer aucun, l’auteure parvient, au prix d’une douce obstination quasi orbitale, à percer la fine mais tenace pellicule (mnésique, cinématographique, architecturale) qui nous empêche de voir, comme en coupe, les différentes strates qui composent l’énigme pour ainsi dire stellaire qu’est Terezin, ce noir cœur urbain, cette escale génocidaire, à laquelle l’ironie de l’histoire à conféré la forme d’une étoile de David.

 

Ces échos finissent par trouver dans le livre, non un point d’harmonie – leur histoire est trop discordante – mais comme une vibration commune, l’écriture de Gaudy, à force d’orbes et de glissements, réussissant à orchestrer les plans, à leur insuffler des perspectives qui nous permettent à nous aussi, lecteurs, d’entrevoir la chair des spectres. La découverte de Terezin n’est pas son invention. C’est un voyage qui se devait d’être à la fois discret et souterrain, prudent et intime.

Et une fois le livre de Gaudy refermé, on sait que déjà, telle une ville crue longtemps indéchiffrable, il s’ouvre à nouveau, plus libre, et comme emprunt soudain d’une douloureuse générosité.

Claro / Le Clavier cannibale

 

 

 

 

 

 

 

 

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